







Un besoin de regarder et d’observer l’autre pour tenter de comprendre un monde dans lequel j’évolue parfois difficilement. Et puis il y a eu le Covid, le premier confinement. Quelques mois après je fuyais la ville. La pandémie a été un déclencheur pour suivre un appel grandissant depuis longtemps : me rapprocher de la nature. Au fil des évènements que nous traversons individuellement et collectivement ces dernières années tant sur un plan social que politique et écologique, le besoin de m’éloigner de l’humain s’est fait de plus en plus présent. C’est aussi devenu une évidence photographique comme une nécessité d’aller chercher des réponses ailleurs. Installée dans la Drôme, au carrefour de plusieurs massifs rocheux, j’ai donc commencé à arpenter les environs avec ma chambre 4x5. Ce ne sont plus des visages et des corps qui prennent place devant mon objectif et sous des éclairages artificiels statiques, mais des éléments minéraux et végétaux habillés d’une lumière vivante et mouvante. Mon approche peut y paraitre semblable, toutefois le rapport y est inversé. Même si je photographie la roche comme je photographie une personne, ce n’est pas elle qui pose pour moi mais bien moi qui pose devant elle, qui me pose devant une immensité qui me dépasse physiquement, temporellement et mentalement. Mon objectif n’est pas d’aller chercher une représentation du réel, au contraire, ma volonté est de m’en éloigner, de m’y soustraire. Je cherche à créer des images hors du temps et exempt de tout contexte (ou presque) où la nature tient place de ressource visuelle énigmatique et poétique.